Au cours des dernières années, la SEGPA n’a pas subi de réforme structurelle et reste donc régie par la circulaire de 2017. La nouveauté des dernières années reste la mise en place d’une 6ème d’inclusion visant à transformer partiellement son objectif et d’inclure globalement les élèves en 6ème ordinaire.
Cette mesure pose un certain nombre de questions sur la notion de cycle, d’inclusion et d’objectifs véritables pour les élèves en relevant. Elle résume relativement bien la volonté ministérielle de redéfinir la SEGPA dans le système scolaire, visant à individualiser les parcours des élèves pour les renvoyer à leurs propres difficultés (comme cela est le cas aussi pour les élèves en situation de handicap)....
Comment les élèves eux-mêmes vivent-ils cette situation ?
Témoignage d’un élève de SEGPA :
« J’ai mon grand frère qui était en SEGPA en 6e et 5e. C’était bien ; il avait une prof spécialisée dans l’enseignement général pour apprendre les matières essentielles. En 4e il a choisi l’option maçonnerie. C’était bien. Il avait un bon prof d’atelier qui était formé aussi pour des élèves comme nous. Il est parti en fin de 3e en EREA (Établissement Régional d’Enseignement Adapté), où il a passé et réussi son CAP. Comme il avait de bonnes bases acquises, il a réussi à l’avoir. Maintenant il travaille chez un artisan. Mais moi, qu’est-ce que je vais faire l’an prochain si j’ai plus de prof d’atelier ? »
« J’avais un copain qui a un handicap, il avait une AESH (accompagnatrice d’élève en
situation de handicap). Elle a été mutée sur un autre collège, maintenant il n’a plus d’aide. Il est parti…
On nous dit que pour nous, la meilleure solution pour apprendre un métier, c’est l’apprentissage chez un patron. Trois semaines par mois et une au CFA, on va avoir du mal à suivre les cours en
alternance … La Segpa et l’Erea c’était bien pour ça ! "
Avec de tels changements, on met les élèves les plus fragiles en grande difficulté. 72% d’entre eux appartiennent à des familles défavorisées. Ils-elles étaient accompagné·es par un dispositif d’aide (RASED : réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté). Structures pour leur redonner confiance en l’aidant à poursuivre une scolarité émancipatrice et retrouver l’estime de soi. Il y a donc bien une volonté du ministère de poursuivre une politique « d’inclusion » en réduisant l’Enseignement Spécialisé.